Alleröd

Les conditions climatiques deviennent de plus en plus clémentes à la vallée de Joux au cours de l'Allerød. Le paysage est totalement métamorphosé par rapport à celui des périodes froides précédentes. Dans le Jura, comme en plaine, de profondes forêts de pins et de bouleaux remplacent définitivement les steppes herbeuses qui, auparavant, avaient nourri les mammouths et les autres grands herbivores des périodes froides. Ces territoires forestiers sont progressivement reconquis par l'homme jusqu'en altitude, tant dans le Jura que dans les Alpes, mais toujours à petite échelle. On possède de bons indices de l'existence d'échanges commerciaux de silex et de roches de bonne qualité entre les deux versants de la chaîne jurassienne. Des chasseurs épipaléolithiques courent occasionnellement le cerf, le sanglier ou le chevreuil dans nos régions, même si le Jura n'abrite toujours aucune population fixe.
Le paysage, la faune et la flore de la vallée de Joux ressemblent désormais à ce que l'on y connaît actuellement.
Les roches présentées dans cette zone : Edicule Mammouth, granulats roulés uviaux glacières - Gravière de Praz Rodet
Les plantes présentées dans cette zone : Festuca amethystina (Fétuque), Aster alpinus (Aster des Alpes), Dianthus superbus (OEillet superbe), Betula verrucosa (Bouleau), Pinus sylvestris (Pin sylvestre).
Bölling tardif

Le Bølling tardif voit un nouveau réchauffement du climat nettement marqué. Dans un premier temps, les paysages de steppes de la vallée de Joux sont reconquis par des buissons de genévriers et des arbustes. Puis des forêts de pins et de bouleaux s'installent à nouveau jusque sur les hauteurs du Jura. En règle générale, la limite supérieure de la végétation remonte jusque vers 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Quant aux zones humides de basse altitude, elles abritent désormais des saules et des aulnes. Ce réchauffement climatique est fatal aux dernières espèces dites glaciaires, comme le fameux rhinocéros laineux, le renne ou le cheval. Mais il permet un timide retour des chasseurs dans notre vallée.
Les roches présentées dans cette zone : Alluvions concassés du lac Léman
Les plantes présentées dans cette zone : Vaccinium myrtillus (Myrtille), Betula verrucosa (Bouleau).
Bölling moyen

Vers le milieu du Bølling, le climat se détériore fortement pour une durée très brève. Dans le Jura, on constate alors un net recul des forêts et le retour de paysages de steppe caractérisés par des prairies d’herbacées formant de grands espaces ouverts. Dans les Alpes, les glaciers gagnent à nouveau du terrain pour quelque temps. Et si, dans la Vallée de Joux, la faune des steppes froides – bison, renne et cheval préhistorique – fait une brève réapparition, les mammouths ont déjà définitivement quitté le Jura pour le nord. Les chasseurs épipaléolithiques ont, quant à eux, abandonné leurs territoires d'altitude. Du reste, ils n'ont jamais constitué que de très petits groupes qui parcouraient les reliefs jurassiens. En effet, au cours des 13'000 ans qui suivent cette époque, notre région ne connaîtra jamais de population humaine permanente, même lorsque les conditions plus clémentes lui permettront de se revêtir de forêts plus ou moins denses.
Les roches présentées dans cette zone : Gravillon - La Claie aux Moines - Savigny, boule Granit rond
Les plantes présentées dans cette zone : Helianthemum nummularium (Hélianthème commun), Globularia cordifolia (Globulaire à feuilles en coeur), Pulsatilla vulgaris (Anémone pulsatille), Hippophae rhamnoides (Argousier).
Debut du Bölling

Les températures atteignent rapidement des températures similaires à celles du XXe siècle. La brusque fonte des glaces qui en résulte cause une remontée extraordinaire du niveau de la mer de 14 mètres en 350 ans ! Nos régions sont reconquises par la forêt, ce qui bouleverse totalement la répartition des populations animales et humaines. Les derniers mammouths quittent désormais nos régions faute de prairies suffisamment étendues pour les nourrir. Simultanément, les derniers chasseurs de grande faune du Paléolithique cèdent leur place aux archers épipaléolithiques qui se sont adaptés à la chasse en forêt. Le sol, stabilisé par des arbres et par une couche d’humus, n'est plus affecté par des glissements de terrain similaires à celui qui avait enfoui le mammouth du Brassus.
Le glacier du Rhône se retire jusque dans le Valais central.
Les roches présentées dans cette zone : Gravier rond LaCôte, boule Vallée de Joux, boule de granit vert des Alpes méridionales
Les plantes présentées dans cette zone : Betula nana (Bouleau nain), Dianthus sylvestris (Oeillet des rochers), Linaria alpina spp. petraea (Linaire des Rochers).
Dryas ancien

Désormais, la position des continents est identique à ce que l'on connaît actuellement. Depuis environ -2 millions d'années, des périodes froides voient la croissance d'énormes calottes glaciaires aux hautes latitudes et sur les chaînes de montagnes. Vers 20'000 avant J.-C., par exemple, tout le territoire Suisse est entièrement recouvert de glace jusqu'à une altitude de 1200 à 1500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Au cours du Dryas ancien, vers 17'000 avant J.-C., un début de retrait des glaciers se fait sentir en basse altitude, tandis que la vallée de Joux est toujours sous la glace. Quelques 2000 ans plus tard, des hommes identiques à nous fréquentent la grotte de Lascaux tandis que des mammouths, des rhinocéros laineux et des rennes flânent déjà sur les rives du Léman. En 14'400 avant J.-C., soit quelques années à peine après le rapide retrait des glaces de la vallée de Joux, Sapy le mammouth du Brassus s'engage sur le site qui va devenir son tombeau. Suite à la fonte des glaciers, un lac de barrage instable s’est formé en amont. C'est lors de la rupture de la digue de moraine retenant ce lac qu'un flot de lave torrentielle ensevelit brutalement notre mammouth.
Les roches présentées dans cette zone : Granulats roulés uviaux glacières - Gravière de Praz Rodet
Les plantes présentées dans cette zone : Salix helvetica (Saule suisse), Saxifraga paniculata (Saxifrage paniculée), Dryas octopetala (Dryade à huit pétales), Salix repens ssp. repens (Saule rampant).
Début du Cénozoïques

Après la terrifiante extinction ayant marqué la limite Crétacé-Tertiaire, la vie reprend peu à peu son cours sur notre planète. La place laissée vacante par les dinosaures est désormais occupée par les mammifères et par de grands oiseaux. Suite à la collision tranquille de l'Italie, poussée par l'Afrique, et du reste de l'Europe, les Alpes deviennent de véritables montagnes. Simultanément, les terres jurassiennes se soulèvent et sortent de l'eau (-55 millions d'années), puis se plissent (-11 à -3 millions d'années). Ce n'est que depuis ce moment qu'existent les crêtes et les combes qui caractérisent le Jura ainsi que la vallée de Joux elle-même. A la même période (-7 millions d'années), le Sahelanthrope, espèce très proche de l'ancêtre des homininés, vit en Afrique, tandis qu’apparaissent les mammouths dans ce même continent (-5 millions d'années).
Les roches présentées dans cette zone : Molasse - Massonnens (FR)
Les plantes présentées dans cette zone : Geranium sylvaticum (Géranium des bois), Epilobium angustifolium (Épilobe à feuilles étroites), Lythrum salicaria (Salicaire commune), Digitalis grandiora (Digitale à grandes fleurs), Leucanthemum vulgare (Marguerite).
Crétacé

Au cours du Crétacé, le futur Jura continue sa migration vers le nord et atteint la latitude de la Grèce actuelle. L'Atlantique nord est désormais large de quelques centaines de kilomètres, mais l'Amérique du Sud est encore collée à l'Afrique. En remontant tranquillement vers le nord il y a 125 millions d'années, l'Afrique commence à pousser la péninsule italienne, qui est alors une île, contre le reste de l'Europe et, partant, contre le futur Jura. Ces premiers mouvements sont responsables de la formation des Alpes mais ne sont pas encore sensibles dans le Jura, situé plus au nord, et qui est alors recouvert par une mer chaude et peu profonde. Des requins d’aspect moderne sillonnent désormais toutes les mers du Globe. Sur terre, les premières plantes à fleurs éclosent il y a 110 millions d'années, soit près de 120 millions d'années après les plus anciens dinosaures ! Et les abeilles n'apparaîtront qu'en même temps que les tyrannosaures, il y a 70 millions d'années.
La chute d’une météorite au Yucatan il y a 65,5 millions d'années marque la fin de l'Ere secondaire. Elle entraîne l'extinction des ammonites et de la plupart des dinosaures, à l'exception des oiseaux.
Les roches présentées dans cette zone : Gravier concassé La Sarraz.
Les plantes présentées dans cette zone : Aconitum napellus (Aconit napel ou Casque-de-Jupiter), Caltha palustris (Caltha des marais).
Trias & Jurassique

Au tout début de l'Ere secondaire, il y a 251 millions d'années, le Brassus franchit l'Equateur vers le nord. Le futur Jura est désormais situé au cœur d'un immense continent réunissant l'Afrique, l'Amérique du Nord et l'Asie septentrionale. Il y a plus de 225 millions d'années, les premiers dinosaures laissent leurs traces sur les plages du bord de la mer qui commence à envahir nos régions. Lorsque le supercontinent d’alors se disloque pour former les continents actuels (depuis -220 millions d'années), le centre et le sud de l'Europe forment une immense plaine progressivement envahie par la mer : les plus anciennes couches de marnes et de calcaires qui constitueront le Jura datent de cette période. Plus au nord, sur la terre ferme, les premiers mammifères cohabitent avec les dinosaures. Il y a 150 millions d'années, le paysage du futur Jura ressemble aux Bahamas actuelles : des plages sous un climat tropical, avec en plus, toutefois, de nombreux dinosaures et des oiseaux primitifs au bec encore hérissé de dents..
Les roches présentées dans cette zone : Chaille et blocs d’Enney (FR).
Les plantes présentées dans cette zone : Pinus mugo (Pin de montagne), Juniperus communis (Genévrier commun), Juniperus sabina (Genévrier sabine).
Précambrien / Paléozoïque

On appelle Précambrien les quatre milliards d'années qui séparent la formation de la Terre et l'apparition des premiers fossiles abondants à carapace ou à squelette, il y a près de 540 millions d'années. Il est suivi par le Paléozoïque qui voit apparaître les végétaux terrestres (-415 millions d'années), puis les fougères et les prêles (-385 millions d'années) ainsi que les conifères (-350 millions d'années). En ces temps-là, le Brassus se trouve au cœur d'une île plus vaste que Madagascar, perdue dans un vaste océan entre l'Afrique et l'Europe du Nord, sous le tropique du Capricorne. La collision de cette île avec l'Europe a formé une longue chaîne de montagnes, actuellement érodée, s'étendant du centre de l'Espagne à la Bohême en passant par le Jura et la Forêt-Noire. Le Paléozoïque se termine il y a 251 millions d'années avec l'une des plus importantes extinctions de masse que la Terre ait connues: plus de 95% des êtres vivants périssent. Les roches de ces temps lointains encore présentes en Suisse sont essentiellement des granites et des schistes, pour les périodes les plus anciennes, et des grès rouges ou noirs pour les temps plus récents.
Les roches présentées dans cette zone : Chaille de Mörel et Susten (VS), Granit du Mont-Blanc, bloc de Mörel et de Susten (VS).
Les plantes présentées dans cette zone : Dryopteris filix-mas (Fougère mâle), Equisetum hyemale (Prèle d'hiver)
Le moulage de Sapy
En 1969, un squelette de mammouth complet est découvert à la vallée de Joux. Il est exposé au Musée de Paléontologie de Lausanne dans la position où il a été trouvé, gisant dans la moraine bordant le glacier en train de se retirer. Seules quelques côtes manquent, probablement arrachées par des prédateurs peu après sa mort.
Il est exceptionnel de retrouver un crâne de mammouth entier : les muscles du cou et du dos sont particulièrement développés pour supporter le poids des défenses et nécessitent une grande surface d’ancrage sur les os. Pour alléger la gigantesque boîte crânienne, l’os est composé de parois minces, de l’ordre du millimètre, enserrant des cavités mesurant jusqu’à dix centimètres. On comprend pourquoi le sauvetage d’un crâne de mammouth est un véritable défi, si, par chance, il n’a pas été écrasé avant sa découverte.
Pour sauvegarder les observations faites lors de la découverte, un moulage du squelette s’imposait. Le moulage a été réalisé sur l’original, seules les côtes manquantes étant reconstituées. La technique de moulage crée des os creux qui permettent de dissimuler la structure porteuse en métal.
Nous avons «démonté» le squelette original pour le traiter dans notre laboratoire de St-Gall. Après avoir réalisé un négatif en silicone, nous avons coulé les os en résine renforcée de fibre de verre pour aboutir à une reconstitution à l’identique du squelette original.
Le moulage a été acheté par la commune du Chenit, à l’occasion de son trois-cent-cinquantième anniversaire ; il est désormais exposé dans un abri conçu pour le mettre pleinement en valeur dans le Jardin du Temps du Brassus.
Tant le squelette original que sa copie exposée au Brassus représentent un véritable trésor étudié par les chercheurs de différents instituts, notamment du «Mammutmuseum” de Niederweningen, ZH (www.mammutmuseum.ch)
Urs et Sonia Oberli, Laboratoire de paléontologie, St- Gall



Plaque sur la façade de l’Ancienne gare du Brassus

L’ancienne Gare du Brassus a accueilli le train inaugural le 19 août 1899. La traction électrique a succédé à la vapeur le 1er octobre 1938.
Le 17 mai 2000, un TGV affrété par Audemars Piguet a emmené le personnel de l’entreprise à Paris, avec retour au Brassus le lendemain 18 mai.
Le dernier train est parti de l’ancienne gare le 8 juin 2008. Le 27 avril 2009, le premier train est entré dans la nouvelle gare dont l’inauguration a eu lieu le 20 août 2009, 110 ans et un jour après la première inauguration.
Des photos de la démolition de la gare sont à voir à l’adresse :
http://www.trainsfrancais.com/forum/viewtopic.php?f=25&t=34888
L’importance du mammouth du Brassus

Les squelettes de mammouths laineux retrouvés pratiquement complets sont exceptionnels. Grâce à celui du Brassus, on connaît mieux l’aspect d’un mammouth adolescent : sa silhouette au dos dépourvu de bosse ou ses défenses de dimensions encore modestes.
On sait également que les mammouths avaient une période de croissance rapide à la fin de l’adolescence : leurs vertèbres croissaient par à-coups et certaines articulations, comme les coudes, ne s’ossifiaient que tardivement.
Notre mammouth souffrait d’arthrose, une maladie des os qui ne touche que de rares spécimens connus. D’après les traces sur ses défenses, le mammouth du Brassus effectuait plus de mouvements de la tête vers le côté droit que vers le gauche.
Un herbivore de taille, rude concurrence pour ses contemporains

Nous pouvons avant tout connaître le régime alimentaire de notre mammouth par l’observation de sa denture. Les molaires des mammouths laineux présentent de dures crêtes d’émail parallèles, similaires à celles des éléphants. Les mammouths employaient leurs dents comme des meules, leur mâchoire inférieure effectuant uniquement un mouvement d’avant en arrière, et non pas latéral, comme par exemple chez les vaches. Avec leurs crêtes d’émail, les dents des mammouths étaient donc parfaitement adaptées à la mastication d’herbes des steppes, sèches et très abrasives.